Pour reconstituer le réseau des voies et des chemins à l’époque romaine, les historiens doivent nécessairement conjuguer différents types d’approches. La principale consiste à se plonger dans les écrits de l’époque, mais ils peuvent aussi étudier les cartes anciennes et modernes, car les tracés médiévaux ont souvent repris en partie les tracés antiques. Les enquêtes archéologiques sont également d’un grand secours, car la prospection sur le terrain permet de retrouver et d’étudier des sections de voies taillées et des vestiges de ponts en pierre, voire même des inscriptions évoquant le nom des fêtes propres aux muletiers qui jouaient à l’époque romaine un rôle essentiel dans le transport des marchandises.
Le Grand Reportage
58 min
Les origines du réseau alpin romain
La combinaison de ces différentes approches a été mise en oeuvre pour étudier l’histoire du col de Montgenèvre (situé dans les Alpes du Sud) à l’époque romaine. Ce col fut l’un des principaux points de passage pour la voie Domitienne, construite à partir de 118 av. J.-C.. Et c’est par cette route que Jules César pénétra en Gaule en 58 av. J.-C.. La voie du Montgenèvre, praticable en toute saison, constituait en effet le lien terrestre le plus fiable pour les relations de Rome avec la Gaule et l’Espagne.
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Lorsqu’il a entrepris la conquête des Alpes en 25 av. J.-C., Auguste passa une alliance avec Marcus Julius Cottius, le roi celto-ligure qui contrôlait le col de Montgenèvre. Pour le remercier de lui avoir facilité le passage, Auguste choisit de le laisser à la tête de son domaine ancestral, tout en lui attribuant un statut privilégié de préfet militaire romain, avec autorité sur l’ensemble des territoires traversés par le réseau routier du Montgenèvre. C’est de là que vient le nom d' »Alpes cottiennes » toujours en vigueur aujourd’hui.
La province des Alpes cottiennes, qui succéda à la préfecture à partir de l’an 66 de notre ère, connut pendant les deux siècles de paix romaine une réelle croissance économique. Même si les relations commerciales entre la Gaule et l’Italie s’opéraient essentiellement par voie de mer, le trafic transalpin prit une importance grandissante, car il concourait à l’approvisionnement de ces énormes marchés que représentaient Rome et les villes d’Italie du Nord.
L’impact de l’invasion germanique
L’intégration de cette région alpine dans l’Empire et l’amélioration du réseau de communication stimulèrent l’exploitation des ressources locales. Parmi les produits de l’élevage vendus en Italie ou à Rome, la laine des Alpes méridionales est souvent citée par les textes de l’époque. Il en est de même des cuirs et des peaux, dont les Romains, faisaient une très grande consommation pour l’habillement et le matériel militaire. Réciproquement, les ressources tirées de la vente de ces produits permirent aux paysans des Alpes d’importer de produits en provenance du monde romain.
Mais à partir de 260, la province des Alpes Cottiennes et son réseau routier furent directement concernés par l’irruption des populations germaniques dans l’Empire romain (…).
Bibliographie
- François ARTU, « La circulation dans les Alpes à l’époque romaine : l’exemple des Alpes Cottiennes », Dialogues d’histoire ancienne, 2013, n°1, pp. 237-263.
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