Niché dans les Alpes, l’élevage de Cédric profite des pâturages de nos montagnes.
Cédric Fraux est un éleveur en viande basé sur la commune de Lavaldens en Isère. Depuis 2018, il dit « lutter » contre les attaques de loup sur son troupeau de 300 brebis.
L’homme de 34 ans fait part de son inquiétude pour ses bêtes et se dit dépourvu de solution.
30 brebis tuées tous les ans
Ses agneaux « Préalpes » label rouge sont conçus dans le massif des Écrins au sud de Grenoble. Depuis 2013, Cédric a repris l’exploitation familiale à Lavaldens, par passion.
L’année 2018 marque le début de la prédation du loup sur les troupeaux de brebis en Isère. Selon l’éleveur, 10 % de son troupeau est mort tué par le loup, soit 30 brebis, toutes les années depuis cette date.
S’il reconnait une légère baisse l’année 2022, il ne décolère pas : « Il y a huit attaques sur l’année avec seulement douze victimes… mais c’est uniquement parce qu’il n’y a pas eu de gros cartons ».
Des attaques répétées et meurtrières qui ont contraint l’éleveur à s’adapter.
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Des investissements pour se protéger
Cédric s’est adapté à la présence du loup dans les Alpes. Il a dû se résoudre à poser des filets électrifiés et ce n’est pas tout.
« J’ai fait le choix de rentrer mes bêtes en bergerie chaque soir et d’investir dans des chiens de protection », liste l’Isérois.
Le jeune éleveur prend un temps pour respirer pour évoquer sa plus grande souffrance, psychologique.
« J’ai pensé à arrêter le métier »
« Lorsque je rentre chez moi… c’est compliqué », confie, ému, Cédric Fraux avant d’ajouter : « Ma fille me demande si le loup a tué mes brebis quand j’arrive à la maison. Ça me touche beaucoup. »
J’ai retrouvé une brebis, gorge ouverte, qui respirait encore. Je savais que je ne pouvais pas la sauver. J’ai dû l’abattre avec une pierre. Une brebis que j’ai nourrie au biberon.
Interrogé sur son envie d’arrêter ce métier, Cédric répond avec une franchise déconcertante : « J’ai pensé à arrêter le métier. J’ai pensé à mettre fin à mes jours. »
Le jeune agriculteur a alors décidé de se battre.
« Je sais que le loup ne sera pas exterminé »
Son troupeau de brebis lui permet de donner naissance à des agneaux qui seront conduits à l’abattoir pour être revendus sur les étales des boucheries.
Un gagne-pain mis en danger par le loup. Pour autant, Cédric se refuse à être radical : « Je sais que le loup ne sera pas exterminé et ce n’est pas mon objectif. »
Bilan 2022 des attaques de loup par la préfecture de l’Isère
On recense 316 attaques indemnisées, soit 13 de moins que l’année précédente pour 1037 bêtes, malgré l’augmentation du nombre de loups en front de colonisation. Les principales raisons de ce constat sont :
• l’amélioration de la protection chez les éleveurs en zone historique de présence du loup et chez les éleveurs les plus touchés ;
• l’intervention des louvetiers dans le cadre des tirs de défense simple (312 opérations de louveterie en 2022, 2 fois plus qu’en 2021).
L’éleveur isérois est devenu membre de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles pour lutter contre la prédation du loup.
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Quelles solutions apportées ?
Cédric Fraux milite pour un comptage précis de la population de loup en France. L’éleveur isérois souhaite que le tir soit autorisé lorsqu’un loup est à proximité d’un troupeau.
Aujourd’hui, seuls les tirs sur des loups en phase d’attaque sont autorisés.
De son côté, l’association de défense de l’animal Cap Loup va à l’encontre du discours de Cédric dans un communiqué datant de juin 2023 : « Depuis le 1ᵉʳ janvier 2023, 106 loups ont été tués. 20 % d’abattage pour une espèce inscrite sur la liste rouge des espèces menacées en France est surréaliste ».
Le 19 septembre prochain, l’État français dévoilera le plan national d’action sur le loup, ce qui permettra de définir une ligne précise pour l’avenir.
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